Séminaire de l’ERCAE, Université d’Orléans, le 22 novembre 2024
- Repenser l’innovation pédagogique dans l’enseignement supérieur : de la marginalité créative à la standardisation. Maud Aigle, chercheuse associée au Centre Emile Durkheim (université de Bordeaux) et chargée de recherche à Dual Conseil
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Un dispositif pédagogique « innovant » : la fin des problèmes de l’université ? Claire Piluso, Maîtresse de conférences en sociologie, ERCAE, Université d’Orléans
Repenser l’innovation pédagogique dans l’enseignement supérieur : de la marginalité créative à la standardisation.
Maud Aigle, chercheuse associée au Centre Emile Durkheim (université de Bordeaux) et chargée de recherche à Dual Conseil.
Résumé :
Cette communication propose une approche critique des pratiques pédagogiques considérées comme innovantes à l’université à partir des données recueillies par observation participante, durant 3 ans, au sein d’un projet visant à promouvoir des expérimentations pédagogiques pour favoriser la réussite et lutter contre le décrochage.
Prenant acte de l’homogénéité des pratiques et des normes qui concourent à la qualification des méthodes innovantes, ma recherche doctorale m’a conduit à redéfinir l’innovation dans l’enseignement supérieur comme un processus de standardisation qui vise à mettre l’activité enseignante en conformité avec un standard pédagogique particulier que je nomme entrepreneurial. Cette proposition induit trois ruptures avec les approches classiques en sociologie ou sciences de l’éducation : la redéfinition des méthodes actives comme composantes d’un standard pédagogique entrepreneurial, un questionnement scientifique centré sur l’étude des mécanismes de production et de diffusion des normes plutôt que sur leur cohérence et leur efficacité, une approche du travail pédagogique à partir des formes prises par le travail en dehors de la salle de classe.
Un dispositif pédagogique « innovant » : la fin des problèmes de l’université ?
Claire Piluso, Maîtresse de conférence en sociologie, ERCAE, Université d’Orléans
Résumé :
Si la période de la pandémie liée à l’épidémie de covid 19 a été un moment de déploiement des cours hybrides pour assurer « la continuité pédagogique » dans l’enseignement supérieur, cette modalité d’enseignement était présente auparavant et s’inscrit dans le développement de « la pédagogie universitaire » (Tralongo, 2022). Ce courant et les dispositifs pédagogiques qui l’accompagnent (Aigle, 2023) se présentent comme indispensables pour répondre aux enjeux sociaux et professionnels de demain et comme étant la meilleure solution pour venir à bout des maux de l’université (Bodin, Orange, 2023 ; Garcia, 2008) : pour que les étudiant.e.s soient plus employables, plus compétent.e.s (Beaud, Millet, 2021), il s’agit d’en faire de meilleur.e.s professionnel.le.s, préparés au marché de l’emploi. Pour cela, il convient de transformer l’enseignement supérieur en déployant des dispositifs pédagogiques dits innovants.
A partir d’une enquête ethnographique, je propose d’analyser comment les universitaires et les étudiant.e.s s’approprient ces nouveaux dispositifs pédagogiques en fonction de leurs propriétés sociales, et d’étudier ce que cette nouvelle forme pédagogique leur fait. Il s’agit de penser les effets de ces dispositifs sur les inégalités à l’université et sur la recomposition des rapports de pouvoirs et de domination dans l’enseignement supérieur et la recherche.